Meuble n°9. 1986. 262 x 150 x 88 cm

Le lecteur consciencieux des manuels classiques sur l’art contemporain apprenant que " La pratique de Patrick Saytour a pour habitude de déborder le cadre du tableau " va être servi. Face à une sculpture " historique ", se déploie Épave, oeuvre murale récente (2003) de 10 mètres de long.

Évidemment de nombreux degrés de lecture. Chaque épave est élément constituant de cette composition picturale tout comme chaque intervention plastique sur chacun des éléments les élève tous en tableaux autonomes.
Nous connaissions les pliages, les assemblages, les trouages et les mises en boite. L’opération du trouage est présente à nouveau accompagnée du masquage et de la peinture, la vraie, celle qui tache avec et sans accent.

Patrick Saytour, et nous y sommes peu habitués, se dévoile beaucoup dans cette pièce. La peinture en tube, déclinant une gamme colorée très étudiée, est réellement appliquée et le motif monégasque nous rapproche de sa riviera natale. Les formes, en bois en majorité même si le balatum ne compte pas céder sa place aussi rapidement, sont doublées. Et c’est là qu’il est question du Miroir !
Sans tain, pas d’image. Le double de l’épave est donc fabriqué. Justement fabriqué. Abandonnant à son tour sa propre épave et annonçant une pièce future qui ne sera pas celle attendue.
Les doubles sont bien là et présents même s’il ne s’agit pas de les retrouver dans la composition. Ce n’est pas un jeu ni une déclinaison informatique malgré un Copier/Coller - Symétrie horizontale - Rotation qui nous éclairerait. Les doubles sont là parce qu’on ne peut pas parler de peinture d’une seule voix. Un miroir ne produit qu’une image, de la Peinture et de l’Artiste, complémentaire et bien loin de toute vérité. Un miroir déformant, bien sûr.

17 / 50 000. Épave n°3. 2003. Technique mixte. 1000 x 275 cm