Michaël SELLAM
 
 



des choses, de l'espace,

29 octobre - 13 décembre 2014

objets orientés,
29 octobre - 13 décembre 2014
           



Dans la continuité des recherches sur les figures du double, du duo, du duel, du couple à
travers les pièces présentées lors de l'exposition Science, fiction, culture, capital, à l'Esbama – Ecole supérieure des Beaux-arts de Montpellier Agglomération – début 2014, les deux expositions : des choses, de l'espace, et objets orientés, se superposent dans un même espace et pour une même durée.
Les principes mis en place pièce par pièce à l'Esbama se trouvent ici élargis à ceux d'un double accrochage, chacun étant parfaitement indépendant visuellement et conceptuellement de l'autre, il s'agit alors d'expérimenter une troisième exposition qui serait la rencontre étrange des deux autres, 1 + 1 = 3.


De Visu de Lise Ott sur Radio FM plus / entretien avec Michaël Sellam     














The Kiss ?
Photographie, 2014. 33 cm x 43 cm, édition de 5













SUPERPOSITIONS

Le langage, comme le rire, a l’étrange puissance d’être à la fois précis et équivoque. À la fois, c’est-à-dire en même temps. Si bien qu’il livre ses plus belles étincelles lorsque, par loisir ou par nécessité, il trouve la manière de nommer de façon précise cette équivocité. Ce qui ne va pas sans ouvrir symétriquement la possibilité de dévoiler l’équivoque qui loge dans les interstices de toute précision.

Le mot « superposition », lorsqu’il est rapporté à ce qui l’a rendu nécessaire dans le cadre de la physique quantique, est l’une de ces étincelles. Dans ce cadre, ce mot veut nommer la façon précise dont les propriétés attribuables aux constituants élémentaires de notre monde sont indéterminées, avant que la mesure de notre regard ne les projette sans ambiguïté sur l’une des multiples couches vacillantes du possible pour nous les ren­dre enfin évidentes. Avant l’ordre, les choses ne se trouvent pas dans le chaos, ou plus précisément, elles ne s’y trouvent que minutieusement superposées. La superposition ne se confond donc pas avec le brouillage, avec le flou, avec le simplement ambigu, ambivalent ou incertain. Elle ne renvoie pas de façon indifférenciée à toutes ces figures de la confusion qui alimentent le mystérieux, l’obscur et le sans fond que l’on tient pour profond si souvent. Dans la précision du problème qui motiva cet appel presque désespéré aux intuitions du langage, la superposition quantique désigne à sa manière la structure objective de ce qui ne se laisse déterminer qu’en le réduisant.

Il n’en reste pas moins que c’est bien dans l’étendue glissante du langage que les savants ont dû finir par puiser et par déposer leurs (in)déterminations. Et c’est là, dans l’infini royaume de l’analogie, où l’équivoque est de droit et la science côtoie le poétique, c’est bien là que Michaël Sellam les retrouve. Le rapport de Sellam à l’univers quantique (à ses images, à son langage) n’est pas de référence ou de pure fascination. Il est de sens. Science et fiction constituent pour lui des états superposés qu’il ne s’agit pas de mesurer. En renvoyant dos à dos l’une et l’autre, en composant des images, des volumes et des sons hétérogènes, le travail de Michaël Sellam ne bidouille rien, mais superpose avec précision.

La superposition devient avec Michaël Sellam une figure de la composition artistique. Dès lors, le foisonne­ment d’analogies trouve une nouvelle raison, un nouveau principe, un fondement. Mais ces analogies sont aussi des analogies pour rire. Comme ces grandes idées que l’on a sous la douche. Il reste que tôt ou tard l’eau sera froide ou la peau aura vieilli, et le temps sera venu de devoir en sortir. La royauté que l’on aura projetée derrière tant de rideaux affrontera alors le risque de nudité associé au fait que « derrière le rideau, il n’y a rien à voir ». « Avoir rien à voir », « avoir tout à voir », voilà les véritables états superposés qui s’offrent, vacillants, au regard présupposé actif de l’observateur. Sans doute, ici comme ailleurs, cette mesure n’est pas entièrement subjective. Mais une chose est sûre, Michaël Sellam ne cessera jamais de rire – c’est-à-dire, de composer l’équivoque avec précision.

Juan-Luis Gastaldi

















































Fast Food_F_G_I_L (détails)
Adhésifs sur toiles, 2014. 80 cm x 60 cm
















Farniente
Objets arrangés, 2014. 60 cm x 110 cm x 20 cm












Relaxing Video of A Tropical Beach with Blue Sky, White Sand and Palm Tree
Vidéoprojection, 2014. 1’ 47’’, édition de 5













A – tu disais ?
B – que ça devait être un peu pénible d’exposer à côté de l’autre
A – mais non, personne ne voit ses trucs… regarde, tout le monde est fasciné par les trois pièces dont on parle
B – hmm… tu en penses quoi, Adèle ?
C – je ne sais pas si je suis qualifiée mais je trouve son exposition très énigmatique ; les trois ensembles sont d’une diversité… comment dire… déroutante
B – les pièces de l’autre aussi on dirait…
A – arrête de parler de lui…
C – tout à l’heure, en prenant une douche, je me disais que la vidéo, au titre beaucoup trop long, était en outre d’une bêtise sans nom
A – ben oui, c’est ça, elle est bête à souhait. Un drone échoué sur une plage qui branle le palmier qui l’a empris­onné… en boucle, sans souci de vraisemblance ni de chronologie. Moi, ça me parle exactement du monde dans lequel je vis. Tu savais que la vidéo avait été trouvé sur le web et qu’elle durait 3 heures à l’origine ?
C – tu veux dire que ce qui me plaît dans les six tableaux c’est aussi leur bêtise ?
A – les fastfood ? Tu plaisantes, ils sont magnifiques ces tableaux. Ils ne jouent pas du tout avec les codes de la peinture — il faudra que je te parle de ça un jour, Adèle. Je les vois plutôt comme des objets, presque sculptur­aux, sans véritable destination précise, dont les enjeux sont ambigus. Des trucs de méditation peut-être
B – ça m’échappe
A – ça échappe à tout le monde, précisément parce qu’ils ne sont pas bavards ; regarde les tranches des tableaux, blanches et le film transparent qui neutralisent toute forme d’autorité
B – c’est beau
A – oui
B – non, ce que tu dis
C – et Farniente ?
A – Ah, ça c’est une vraie sculpture, mais très composée, comme un tableau…
C – oui d’accord, mais le titre ?
B – ben, ce sont des objets qui appartiennent à D, avec lesquels il travaille, à l’atelier ; c’est ironique vis-à-vis des activités supposées des artistes mais aussi par rapport à cette pièce là, un peu fastoche
A – facile ? c’est beau comme un jardin japonais ou comme un Morandi !
B – …
A – les objets sont posés au sol, non fonctionnels mais potentiellement disponibles…
C – … j’aime beaucoup la mise en abyme, dans l’écran
A – voilà ; les objets usés qu’on a sous les yeux se retrouvent peints en blanc, neutralisés
B – virtuellement
A – mentalement. Je me souviens même qu’il avait autrefois peints des blasters et un vélo en blanc et aussi des orchidées en bleu ou vert
C – en fait, je commence à comprendre une sorte de lien… et finalement, je crois même que je commence à apprécier un peu les pièces de l’autre
B – arrête…


Patrick Perry


A : sans doute l’ami de l’artiste
B : le chanteur
C : Adèle
D : l’artiste (celui dont on parle, absent)












































Un problème d’échelle, 1, 2, 3 (suite de 9)
Photographies encadrées, 2014. 35 cm x 40 cm
















Al-jabr
Sculpture, 2014. 120 cm x 85 cm x 25 cm
















Eldorado, etc.
Vidéoprojection, 2014. 29’, édition de 5










Plusieurs années au travail
Tapis de souris sous Plexiglas, 2014. 27 cm x 22 cm









Michaël Sellam, né en 1975, vit et travaille à Paris

Expositions personnelles
2014
Galerie Vasistas, Montpellier
Science, fiction, culture, capital, Esbama, Montpellier.
2012
Brainstorming, Grands terrains - RIAM 09, Marseille.
2011
PANDEMONIUM, 22,48m2, Paris.
2010
Mothership Union, Elia, “Hearth - Art & Territories", Ensa Nantes.
Secretions, Esad, Amiens.
Préliminaires, Erban, Nantes.
2009
Untitled, The Window 41, Paris.
2007
We came in peace, Pascal Van Hoecke, Paris.
2005
Postures, Lagalerie, Paris.
2004
Translation, Incident in Basekamp, Philadelphia.

Expositions de groupe (sélection)
2014
Salon du salon #2, Marseille, Invitation : Philippe Munda
Grimposium, Concordia, Montréal, Curator : Amelia Ishmael.
Allez vous faire influencer, Metaxu, Toulon, Curator : Yann Pérol.
Tropisme, Montpellier. Invitation : Grégory Diguet.
2012
This is a special blackout edition!, Kadist Art Foundation, Paris. Invitation : Tarek Atoui & Rossella Biscotti.
Biennale d'art contemporain de Bourges, Curator : Dominique Abensour.
Show Off, Paris, Curator : Dominique Moulon.
leurs lumières, Centre culturel de l’Abbaye de Saint-Riquier. Invitation : Jean-Louis Boissier.
Des temps donnés, Candes Saint-Martin. Invitation : Gunther Ludwig.
Black Thorns in the Black Box, Hammer museum, Los Angeles, USA. Invitation : A. Ishmael & B. Wendorf.
Black Thorns in the Black Box, Atasite, San Fransisco, USA.
Black Thorns in the Black Box, Paragraph Gallery, Kansas City, USA.
Black Thorns in the Black Box, Spectacle Theater, Brooklyn, NY, USA.
Black Thorns in the Black Box, Western Exhibitions, Chicago, USA.
2011
La condition humaine, Pascal Van Hoecke, Paris.
BYOB, Plateforme, Paris. Invitation : Marika Dermineur.
Femme Fatale, Dératisme, Paris. Invitation : Sylvain Levene.
2010
Access & Paradox, Open Art Fair, Curator : Etienne Dodet, Foire internationale d’art contemporain à Paris.
Wunderlitzer for Politique 0, Espace Niemeyer, Paris.
Black Metal Forever, Nemo for Cent Quatre, Paris.
SONICA 2010: REAL VIRTUALITY, Festival of Transitory Art, Ljubljana, Slovenia.
2009
Uchronies, Ars Longa, Paris.
Poor services, La Générale en manufacture, Sèvres.
VOST, Imal, Bruxelles, Belgique. Invitation : Alexis Chazard & Marika Dermineur.
2008
AKA, .HBC, Berlin.
Sugoroku, Parc des expositions, Biennale Internationale de Design, Saint Etienne.
Economie 0, Ménagerie de Verre, Paris.
Variations, Pascal Van Hoecke, Paris.

Résidences, Prix & Bourses
(sélection)
2013 Aide à la création, SCAM, Paris.
2013-14 Résidence du Cap à l’Esbama, École supérieure des beaux-arts de Montpellier.
2012 Aide individuelle à la création, DRAC - Ile de France, Paris.
2012 Residency La Box, Bourges.
2011 Public work, 1% Artistique for La Fabrique, Nantes.
2009-11 Artist in residency at Esba Nantes Métropole.

Cursus
2003-05 Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, Tourcoing.
2002-03 Le collège invisible, École des Beaux Arts de Marseille.
2000-01 Ecole Nationale des Arts Décoratifs, Paris.
1999-00 Paris 8 - Nanterre, Saint-Denis.
1995-99 Paris 1 - La Sorbonne, Paris.











 







> JULIEN AUDEBERT   > ORLA BARRY    > SANDRINE BERNARD   > PATXI BERGÈ    > DAVID BIOULÈS    > BELKACEM BOUDJELLOULI 1  > 2   
> YVES CARO  > JULIEN CASSIGNOL  > DENIS CASTELLAS   > CYRIL CHARTIER-POYET 1  > 2   > DAVID COSTE  > JULIEN CREPIEUX  
> MARIE DEMY  > DIDIER DESSUS  > ANTHONY DUCHENE  > TAYLOR DEUPREE  > DANIEL DEZEUZE 1  > 2   > ANDERS EDSTRÖM   
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