Julien GARNIER
 
 







Negotiate the Distance

25 octobre - 8 décembre 2012


A la recherche d’un art non utopique, j’essaye de mettre en évidence des idéologies artificielles et contradictoires, entre construction et déconstruction, entre art et architecture.

Mes productions questionnent le statut de l’objet, du décor, de l’architecture et du simulacre dans un glissement permanent de l’environnement à l’objet, de l’original au substitut et de l’illusion au trucage. Elles sont toutes diluées dans des formes reconnaissables car l’intérêt ne réside pas seulement dans l’élément figuratif, mais dans son potentiel à représenter une certaine approche du monde.

C’est à partir de la pratique du dessin que les volumes se constituent. Je cherche à recycler des formes, des états et des souvenirs personnels, pour tenter de renvoyer dos à dos les concepts d’information et de spectacle.

Mes recherches se nourrissent des ambitions culturelles et sociales des avant-gardes des années 20 : rationalisation, économie de moyens, simplicité formelle et standardisation. L’utilisation de matériaux standards et légers comme le tube fluorescent et l’emploi de low matériaux – MDF ou aggloméré – remet en cause l’uniformisation de nos sociétés contemporaines et la notion de bricolage / prototype.


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Pavillon 2012, 2012. Dessin numérique sur papier Fine Art, 9 x 56 x 75,5 cm.
produit avec le soutien de la Région Languedoc-Roussillon




Flight to..., 2012. Plastique polymère, peinture, verre, 80 x 80 x 17 cm.







Pour sa première exposition personnelle, Julien Garnier propose une sélection d’œuvres dont la plupart sont produites pour l’exposition.
Son travail prend le parti de manipuler les rapports d'échelles et les perspectives pour remettre en question notre façon de percevoir, sans pour autant réduire sa démarche à une conclusion unique.

Persiennes 2.0 propose deux assemblages de tasseaux de bois lisses et peints en orange fluo, horizontaux sur l'une et obliques sur l’autre. Ces dernières sont installées devant les portes-fenêtres de la galerie, presque à la verticale et se dressent, massives, à mi-chemin entre le store vénitien qui protège des regards, et l’iconographie du chantier, dans une sorte de work in progress. Ces châssis posés au sol ne sont pas véritablement montés, à moins qu’ils ne soient déjà démontés en attente d’être rangés et ne limitent pas les solutions et les interactions possibles. L'artiste propose une relecture de nos acquis, à l'instar de ce mouvement 2.0 vulgarisé à l’extrême et qui retrouve ici son sens premier : l’évolution vers plus de simplicité et d'interactivité, laissant au plus grand nombre possible l'occasion d’échanger et de contribuer, pour rendre au spectateur son rôle d'acteur.

Réminiscence, structure utilisant des matériaux non-nobles tel que l'aggloméré, se constitue de 9 reproductions de parpaings. La structure même du meuble reproduit une multitude de rangements trop étroits qui viennent narguer la fonctionnalité et la viabilité même de l'objet, comme le résultat d'une idée mal appropriée. La double nature de cette pièce neutralise toute utilisation potentielle, réelle comme imaginaire. L'usage unique de lignes droites et de formes rectangulaires, la présence exclusive des couleurs primaires et non-couleurs semble défier les courbes arrondies de ce vase fleuri et de ces pieds métalliques et laisse venir à nous, altérées, les spécificités des avant-gardes des années 20. Le tout confère à l'objet le pouvoir d'évoquer le plus imparfait des souvenirs, celui qu'on ne sait identifier définitivement. Réminiscence est une strate supplémentaire des recherches entreprises par Julien Garnier qui poursuit ici ce qu’il avait entamé avec Idea en 2011, wall drawing reprenant le logo d’une grande marque de meuble.

Restreindre son travail aux volumes semble être un choix impossible, qui conclurait trop brusquement des négociations interminables aux enjeux distanciés. We'll be forever young #13 est un dessin numérique en noir et blanc représentant un jeune homme vêtu d'une chemise. Ce portrait fait partie d'une série qui présente des caractéristiques communes à tous ses sujets : un trait fin venant préciser l'importance du détail qui se perd pour finir sa course, inachevée. L'utilisation du noir et blanc et le choix de la technique, dénuée de toute chaleur, accentuent le manque d'humanité qu'on prêterait volontiers à cette série, dont chaque personnage semble chercher à se démarquer au travers de signes distinctifs qu'ils arborent pour finalement mieux se ressembler. Le poids de ces contradictions repose alors sur les épaules de ce jeune homme habillé de sa chemise incomplète comme pour signifier un devenir incertain, entre intégration et distinction, entre original et copie. Cette interrogation avancée par We'll be forever young apparaît finalement récurrente dans les travaux de Julien Garnier, qui tout en équilibre et démesure, cherche avec Palissade et Pavillon de la série Éponymes, à redéfinir une fois encore le paradoxe de l’œuf et de la poule. Ces dessins numériques aux allures de plans de construction sont des représentations à l'échelle 1:2 de volumes qui ont déjà existé mais qui interpellent la viabilité de leur origine de par leur format particulier et leur présentation.

Par la sincérité de son propos et de sa démarche, Julien Garnier s'amuse à démonter les certitudes afin d'en saisir l'essence paradoxale, cherchant toujours à examiner, au travers de ces rapports d'échelles et de ces équilibres de forces et de matériaux, la stabilité et la légitimité même des symboles et simulacres de notre environnement contemporain.

Adrien Bezia, octobre 2012.













We'll be forever young # 13, 2012. Dessin numérique contrecollé sur Dibong sous Plexiglas,
79,5 x 113,5 cm.













Palissade, 2012. Dessin numérique sur papier Fine Art, 3 x 169 x 81 cm.
produit avec le soutien de la Région Languedoc-Roussillon



Réminiscence, 2011. Métal, bois aggloméré mélaminé, 20 x 150 x 71 cm.













HSH, 2011. Bois, mousse expansive, peinture fluorescente, 76 x 50 x 55 cm.







En 1985, dans l’Apostille au Nom de la rose, Umberto Eco proposait une habile métaphore du postmoderne et de son ironie. Il écrivait alors : 
« Je pense à l’attitude postmoderne comme à l’attitude de celui qui aimerait une femme très cultivée et qui saurait qu’il ne peut plus lui dire « 
je t’aime désespérément » parce qu’il sait qu’elle sait (et elle sait qu’il sait) que ces phrases, Barbara Cartland les a déjà écrites. Pourtant, il y a une solution. Il pourra dire : « Comme dirait Barbara Cartland, je t’aime désespérément ».

Aujourd’hui, nous admettrons la difficulté, voire l’impossibilité, d’exprimer l’une ou l’autre de ces déclarations. On sait qu’il n’est plus possible depuis longtemps d’affirmer l’ambitieux Je t’aime désespérément et nous n’avons plus l’envie, fin 2012, de déclarer Comme dirait Barbara Cartland, je t’aime désespérément. Ces deux formules apparaissent en effet symptomatiques de leurs temps respectifs, celui de la modernité héroïque pour la première, celui d’une postmodernité écœurante pour la seconde. Et ces temps, nous les voulons désormais révolus.

Dans cette exposition, Negotiate the Distance, Julien Garnier fait d’abord ce constat-là. 
Il est évident qu’il n’est pas ce que l’on pourrait appeler un rétro avant-gardiste, un nostalgique, locataire de formes aussi emblématiques qu’éculées (la géométrie pour la géométrie, le hard edge, le monochrome…) ; il n’est pas non plus un cynique, recyclant sous prétexte de citation, usant de l’ironie avec un désenchantement affirmé. Sans viser à la poursuite aveugle des ambitions modernes et sans les critiquer niaisement, Julien Garnier estime, simplement, que nous sommes à la fin d’un cycle de la Vie des formes et des idées. Les dernières manifestations de nos transports utopiques se sont crashées, les images rassurantes de nos foyers sont désarticulées (Pavillons 2009) ou dégueulent une mousse inquiétante, générée peut-être par le dysfonctionnement d’une machine jusque là maîtrisée (HSH). 
The Life OVERfull of devices.
Il nous faut donc mettre fin à cette fin de l’histoire telle qu’on l’envisage depuis quelques décennies. 
Que faire, dès lors ? Plusieurs solutions s’offrent à nous… 
La première, la plus radicale, c’est Good bye, Earth ! Ciao tutti. 
Un peu moins définitif, l’isolement (Palissade, Persienne 2.0). Pour vivre heureux, vivons cachés, avec les moyens du bord. 
Plus positif, et notre choix se porte ici : pourquoi ne pas renouer, simultanément, avec certains traits de caractère des avant-gardes historiques et avec l’ironie ou la désinvolture contemporaines ? Ménager, non nécessairement ni exclusivement des formes, mais certaines ambitions, artistiques comme sociales, quelques attitudes, une radicalité modernes avec des marques de dissonance, des signes de déviance, c’est-à-dire d’insouciance et d’infidélité. 
Cette alternative, qui ne se veut ni une réconciliation ni un consensus, met en jeu une combinaison jusque là paradoxale et sans doute ambiguë. Elle passe alors par la formulation d’une nouvelle affirmation : 
Je t’aimerai désespérément.
L’assurance d’un amour au futur, combiné à un pessimisme d’aujourd’hui. 
And we’ll be forever young
.

Patrick Perry, octobre 2012.













Persiennes 2.0, 2012. Bois, peinture fluorescente, 143 x 237 x 9 cm.


















Drive In # 1 - 4, 2012. Gouache sur papier Arches, 45 x 59 cm chaque.










































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